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mercredi, mai 24, 2006

Vendre le Québec, vu par Esperanza

Comme vous avez pu le constater sur ExLibrex, j’ai abondamment abordé ce sujet dans mes derniers billets en relatant la saga de la vente de terrains à vocation communautaire à un promoteur immobilier à Trois-Rivières (Parc Roland-Leclerc). Naturellement, il ne s’agit que d’un exemple parmi de nombreux autres comme les Falaises de Prévost ou le Parc du Mont-Orford. Oui les citoyens s’organisent et c’est magnifique. Mais où tout ça s’arrêtera-t-il?

Avouons-le, nous ne jouons pas à armes égales! Les riches financiers et les élus d’un côté et la population « ordinaire » de l’autre. Les moyens ne sont pas les mêmes, pas plus que le pouvoir de tirer certaines ficelles politiques. La dilapidation de l’ensemble de notre patrimoine est amorcée sous des prétextes de simple rentabilité financière. En fait, le désengagement de l’État Québécois se traduit dans cette vaste vente de garage. Non seulement vend-t-on des parties de notre patrimoine écologique et communautaire, mais on vend aussi des immeubles abritant des services de l’État (Cliniques, bâtiment abritant les sièges sociaux de sociétés d’État, etc.) puis l’État loue par la suite ces mêmes immeubles sous prétexte que ça coûte moins cher à entretenir! C’est comme si je décidais de vendre ma maison, de la louer au nouveau propriétaire parce que je suis tanné de tondre la pelouse!

Aussi, avec l’arrivée de la mode des Partenariats publics privés (PPP), nos ponts, nos routes, nos infrastructures appartiendront aussi au privé. Il nous restera quoi dans 20 ans? C’est simple : rien! Du slogan « Maîtres chez-nous », nous serons passés à « Locataires chez-vous »! Le bien commun n’a plus aucun sens pour nos politiciens. En 2004, Françoise David, actuelle porte-parole du Parti Québec Solidaire, avançait que : « l'idée du bien commun appelle au développement d'une vision à long terme de la vie en société. La planète Terre elle-même est un bien extrêmement précieux que tous les êtres humains ont en commun. Un bien extrêmement malmené au nom d'impératifs financiers et industriels portés par des gens qui n'ont que le profit immédiat comme objectif. » Effectivement, peu importe à quelle échelle, la dilapidation de nos bien collectifs ne repose que sur la courte vue qui, dans notre pseudo démocratie, n’a qu’une durée de quatre ou de huit ans, maximum.

Puis en parallèle, comme pour se donner bonne conscience, notre bon gouvernement a adopté une loi sur le développement durable. On rit de la population à gorge déployée pendant qu’on emplit les poches des riches financiers. C’est révoltant! Pour terminer cette trop courte réflexion, je vous offre le texte d’une chanson de Félix Leclerc qui date déjà de plus de 30 ans… Comme quoi c’est dans l’âme des poètes que réside souvent la lucidité… Ce dialogue avec l’anglophone riche représente ce qui se passe actuellement… Pauvre Félix, on ne t’a même pas écouté…

L’encan

Approchez Messieurs Dames
Une belle p’tite frayère à saumon à vendre pas cher
Pleine de beaux p’tits saumons qui viennent frayer ici depuis des siècles
À vendre avec des îles, du bois, des chutes
sur une centaine de milles sans compter les roches
Laissons pas aller ça nous autres…

I’ll take it!

Tiens un Américain… C’est légal, y’é dans son droit…
Une fois, deux fois, trois fois, vendu! Installez-vous Monsieur….

Approchez Messieurs Dames
J’ai une belle p’tite université française à vendre
Six étages d’instruction, latin et grec compris
Avec ferme expérimentale, laboratoire, bibliothèque
L’article rêvé pour les fils d’immigrants qui veulent parler français au Canada
Laissons pas aller ça nous autres…

I’ll take it!

Vendu…

Approchez Messieurs Dames
Une belle p’tite nappe d’huile fait main
Tricotée par les siècles
Huit-cent-milliards de beaux p’tits barils d’huile
Pour faire du gaz, d’la chimie, du plastique, du pétrole
Même que le gouvernement va vous paver un ch’min pour vous y rendre

I’ll take it!

Mais c’est le même qui a financé l’électricité chez nous?
Ah c’est pas lui qui va arrêter ses moteurs…

Approchez Messieurs Dames
Dernier item mais de poids!
Une belle grosse jeune ville neuve, dynamique
Avec rues souterraines, métro, banques, oasis
Employés obéissants pas chers
Vieilles maisons historiques à démolir
Places d’avenir garanties
Laissons pas aller ça nous autres…

Hey!

Oui?

It’s already sold!

Vendu à l’enchère?

Approchez Messieurs Dames
Mais y’m’reste pu rien à vendre…

Keep away…

I have it…

Members only…

Félix Leclerc, 1974

2 Comments:

At 12:32 a.m., Blogger Guy Vandal said...

Excellent texte Esperanza !

Les lecteurs ne le disent pas, mais je suis convaincu qu'ils le pensent...

Qu'on me le dise, si je me trompe !

 
At 10:01 p.m., Blogger André Bérard said...

Vous ne vous trompez point, mon cher ami. Excellent texte, en effet.

André

 

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