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mercredi, septembre 13, 2006

Une politique de développement durable est-elle un frein au développement économique, par Esperanza

Le concept de développement durable a été introduit en 1987 lors de la Commission des Nations Unies sur l’environnement et le développement (Rapport Bruntland). Ce rapport définissait ainsi le développement durable : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». La Conférence des Nations Unies de 1992 tenue à Rio de Janeiro a consacré ce concept .

Dans la foulée de ces travaux, et afin d’encadrer la mise en œuvre du développement durable, le gouvernement du Québec propose dans sa loi une nouvelle définition :

« Le développement durable est un processus continu d’amélioration des conditions d’existence des populations actuelles qui ne compromet pas la capacité des générations futures de faire de même et qui intègre harmonieusement les dimensions environnementale, sociale et économique du développement.En résumé, cette définition vise à réconcilier le développement économique et social, la protection de l’environnement et la conservation des ressources naturelles et à atteindre trois objectifs : 1) maintenir l’intégrité de l’environnement, 2) améliorer l’équité sociale et 3) améliorer l’efficacité économique. »

Ainsi, le gouvernement considère que le développement durable permettrait d’atteindre l’objectif d’améliorer l’efficacité économique? Tel que je le comprends, améliorer l’efficacité économique dans une perspective de développement durable serait de minimiser les impacts (énergie, environnement, exclusion, impacts sur le bien commun, etc.) et d’en tirer tout de même des profits. Ça, ça demande de l’imagination et de réinventer des façons de faire. Le gouvernement n’a aucune imagination et ne répond QU’À DES IMPÉRATIFS DE RENTABILITÉ ÉCONOMIQUE su sens traditionnel du terme! Ainsi, dans cette logique, le principe du développement durable est effectivement un frein au développement économique.

Les pressions politiques faites par les élus (locaux, régionaux et nationaux) pour accélérer le développement économique donnent lieu à des pratiques débridées qui font fi de la logique. Par exemple, dans la région de Terrebonne, d’une part, on prolonge le métro jusqu’à Laval et on annonce la construction d’une ligne de train de banlieue reliant l’est de Montréal à la rive-nord. Pourquoi? Pour favoriser le transport en commun et ce, au frais de l’État. Dans un autre ordre d’idée, au même moment, on annonce la construction d’un pont sur l’autoroute 25, toujours dans la même région, réalisation par un Partenariat public privé (PPP). Si on croyait vraiment aux vertus et aux qualités du transport en commun, pourquoi ferait-on, en même temps, un nouveau pont?

Pour les décideurs politiques, le développement durable n’est qu’une entrave supplémentaire. Le développement durable est considéré comme une porte ouverte pour les groupes de pressions à freiner le développement. Pourtant, lorsqu’on se promène dans la région de la couronne nord de Montréal, le nombre de condos de luxe bâtis à quelques centaine de mètres des autoroutes rend songeur. Pendant ce temps, on freine le développement de l’énergie éolienne sous prétexte de la protection des paysages. C’est vrai que c’est tellement plus joli de pouvoir admirer des clôtures bigarrées et des cabanons de derrière de cour quand on se rend à Montréal!

On se ferme les yeux et on permet la construction de n’importe quoi, n’importe où, n’importe comment. Quand tu veux faire du fric, rien de tel que de connaître quelqu’un au gouvernement! En fait, le concept de développement durable n’existe pas dans un contexte comme celui que l’on vit actuellement. Ce qui existe n’est rien d’autre qu’un concept D’EXPLOITATION DURABLE, un point c’est tout.

Dans le cas de la construction d’un échangeur en milieu humide à Terrebonne, la « raison officielle » évoquée est de permettre un meilleur accès pour les ambulanciers!!! Oui, on va jusqu’à jouer sur les cordes sensibles de la population. Or, pour les ambulanciers eux-mêmes, cette construction au coût de 16 millions de dollars ne changera rien :

« La présence d'un échangeur sur l'autoroute 640 aurait-elle réduit ce temps de réponse? « Absolument pas, répond Pierre Séguin, propriétaire d'une des deux principaux parcs d'ambulances qui desservent l'hôpital Le Gardeur. Le problème, c'est qu'aucune ambulance n'était disponible dans le secteur. Il a fallu faire venir une ambulance de Sainte-Thérèse, à 18 km des lieux de l'accident. Nous avons bien plus besoin d'ambulances supplémentaires que d'un nouvel échangeur. »Une des principales justifications du ministère des Transports du Québec pour construire l'échangeur, au coût de 16 millions, c'est de permettre aux ambulances d'accéder plus vite à l'hôpital Le Gardeur. Or, ni M. Séguin ni le deuxième parc d'ambulances qui dessert cet hôpital n'ont demandé cet ouvrage. « Avec 300 000 de plus par année, je pourrais ajouter une ambulance et une équipe d'ambulanciers. Mais le gouvernement limite les crédits », dit M. Séguin. »

Quelle est donc la véritable raison de cette construction en milieu humide ? Faudrait peut-être voir les plans d’aménagement de Terrebonne pour connaître le nom des entreprises qui projettent de s’installer dans le coin:

"Après avoir subi de fortes pressions, le ministère de l'Environnement a délivré un certificat d'autorisation, cet été, bien qu'il ait vigoureusement protesté contre la construction d'un centre de distribution de Rona dans un autre milieu humide de Terrebonne. Le MTQ et la ville de Terrebonne plaident qu'il faut donner un second accès autoroutier à l'hôpital Pierre-Le Gardeur. Des fonctionnaires de différents ministères, bien au fait du dossier, ont dit à La Presse que le nouvel échangeur servira bien plus les intérêts des propriétaires des terrains limitrophes, au premier chef la compagnie Héritage Lachenaie."

Pour moi, le développement durable n’est pas un frein au développement économique. Pourquoi ?

Parce que dans la tête de nos élus, le développement durable N’EXISTE PAS, pas plus qu'une véritable politique en ce sens!

2 Comments:

At 6:57 p.m., Blogger André Bérard said...

Développement durable : concept qui consiste à développer sans arrêt, C'est à dire : un développement sans fin.

AB

 
At 6:59 p.m., Anonymous Anonyme said...

Effectivement la conciliation n'est pas toujours evidente. Les motifs sous jacents du DD sont parfois bien eloignés des préocupation environnementale.

D'ailleur si la question vous interesse je viens de créer un blog sur les liens entre le DD et l'economie.

http://stratenvie.blogspot.com/

 

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