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mardi, juin 20, 2006

Devant la mort, je penserais à quoi? Par nous...

Le Salon Bleu

Il y a à peu près un mois, j’ai reçu le téléphone d’un oncle à moi. Il voulait discuter avec mon paternel et, comme il n'était pas en mesure de le faire, il à pensé me donner le message.

C’est alors qu’il me dit que M. Maltais, un ami de mon père que je connais bien, s’était noyé sous la glace en pêchant – un peu trop tôt dans la saison - en plein lundi. J’ai eu un flash. Je vous explique.

J’ai souvent été étonné, plus jeune, de l’air hébété que prenaient mes parents lorsqu’ils apprenaient la mort de quelqu’un qu’ils connaissaient, de près comme de loin. Et je me suis vu, au moment où mon oncle me faisait cette annonce, avoir cette même attitude d’une certaine incompréhension. Certains me comprendront peut-être quand je parle de l’instant où on a peine à réaliser qu’on ne verra plus quelqu’un.

Je dois avouer, je suis effrayé à l’idée de ne plus voir quelqu’un que j’appréciais. Et j’ai encore plus peur de mourir. Il me reste, je crois, encore beaucoup de choses à faire avant de considérer mon parcours comme terminé. Pas d’enfants (donc pas de petits enfants), pas de réalisations sociales concrètes et encore beaucoup de notre monde à visiter.

Me faire annoncer que je perdrais la vie au maximum d’ici deux mois, je serais – je crois le mot juste – saisi. Je présumerais qu’il me manque des choses à accomplir et que je suis trop jeune pour mourir. Ça durerait une semaine où, pendant des minutes probablement atroces, je comprendrais petit à petit.

Il y a de ces choses qu’on ne peut changer. Pas question du prix de l’essence ou des décisions politiques. Je parle plutôt de la nature. On peut se battre pour la démocratie, on peut faire la guerre pour l’essence. Mais il y a rien à faire contre la vie.

La vie, comme toutes choses, est un "balancier". Il peut y avoir des souffles de vie intenses qui sèment la joie en un instant – pensez seulement à un cultivateur et au fruit de sa récolte – et d’autres qui sont si dévastateurs – séismes, inondations -. Donc, ça c’est clair, pas grand chose à faire contre la vie ou, plutôt, la nature.

Retournons au sujet principal : la mort dans deux mois… moins une semaine.

Il reste la perception qui, somme toute, est l’élément le plus malléable de la – peut-être de ma ? - personnalité. Un type, au boulot, m’a dit quelque chose cette semaine. Et ça a bien tombé, parce que je vais le citer, juste ici.

Le soleil se lève tous les matins. C’est à nous de le faire briller toute la journée.

De mes sept dernières semaines de vie, je tenterais de faire un (petit) bilan. Et surtout, de laisser quelque chose (pas matériel, vous comprendrez) qui puisse s’introduire dans la mémoire de mes proches.

Face à la mort, qu’est-ce que je ferais ?

Tout compte fait, peut-être ne le sais-je vraiment pas !

***
Le monde... du vieux Henri

Honnêtement et sérieusement, face à la mort, je me dirais « Enfin, c’est fini ». Je me sentirais soulagé. Plus besoin de me battre, plus besoin de brailler dans le désert, plus besoin...

Et je me dirais que c'est une maudite bonne nouvelle pour la planète Terre : un être humain de moins et donc un connard de moins qui pollue l'environnement !

Je me suis déjà imaginé la scène. Je suis dans le cabinet du médecin et ce dernier m’annonce qu’il me reste 3 mois à vivre. Je sors de son bureau, heureux, car je sais alors que la fin est proche. Je fais alors ce qui me fait tripper pour le temps qu’il reste. Je dis au revoir aux gens que je connais. Le seul irritant possible : la souffrance.

Non, je n’ai pas peur de la mort. Je l’ai déjà dit. Je suis une vieille âme. J’ai déjà beaucoup vécu. C’est difficile à expliquer mais je le sens au plus profond de moi.

Non, je n’ai pas peur de la mort car je l’ai déjà côtoyée, je l’ai déjà défiée. Elle n’est pas un ennemi, elle n’est pas un danger, elle n’est pas un mystère. Elle est une étape logique de la vie à laquelle personne n’échappe. Alors pourquoi me stresserait-elle ? La mort, je la vois paisible, douce, apaisante, reposante, calmante.
***
Esperanza ExLibrex

Dire que c’est moi qui ai suggéré ce foutu sujet. Là, devant cette page encore presque vierge, je ne sais quoi écrire, quoi dire, quoi penser…

Évidence s’il en est une, la mort ne cesse d’être présente dans la vie et ce, dès la naissance… La mort, cette grande faucheuse, sorte d’abîme de profondeur inconnue, plein ou vide, beau ou laid… À part son évidence, quelle est donc cette notion à la fois abstraite et concrète… Face à la mort, je penserais à quoi? Je déteste cette question!

En fait, ce que je déteste, c’est l’inconnu, ce que je ne connais pas. Dans l’ensemble, quand je suis confronté à l’inconnu, je vais voir, je m’informe, je cherche, je déduis à tort ou à raison. Mais avec la mort, ça ne m’est pas possible et c’est ce que je déteste. À ceux qui me demanderaient si j’ai peur de la mort, la réponse est oui, comme j’ai peur de ce qui m’est inconnu. Il en va de ma propre mort, de ma propre finitude, de même que de la mort et de l’inévitable fin de mes proches, des autres…

Comme c’est le cas pour bien des jeunes, vers l’âge de 8 ou 10 ans, je ne sais trop, la prise de conscience de la mort m’a bien ébranlée. Pendant quelques semaines, je crois avoir fait ce qu’on pourrait nommer une « petite dépression » pendant et suite à cette prise de conscience. Sans cesse, dans ma tête, je voyais, tour à tour, mes parents dans un cercueil et je ne pouvais me résoudre à l’évidence de cette éventualité. En quelque sorte, à ce moment, j’ai été face à la mort, du moins face au concept.

Jeune, j’étais très proche de mon grand-père maternel. Il était musicien et j’étudiais la musique. L’art et la « délinquance créative » nous unissaient. C’était comme si nous partagions un secret unique à nous deux. Cet homme m’a toujours supporté même dans mes plus glorieuses frasques d’adolescence. Puis, un jour, j’avais 15 ans, on m’annonce qu’il n’en a plus que pour quelques mois, frappé par un cancer qui s’est rapidement généralisé. Moins de deux mois et demi plus tard, il s’est éteint, souffrant. Une trentaine d’heures avant son expiration ultime, j’étais avec lui, dans la chambre morbide et puante, mal aseptisée de l’odeur des selles que ses forces ne lui permettaient plus de garder.

À un moment, j’ai demandé à mes parents de me laisser seul avec lui, ce qui fut fait. Ça a été un instant tout à fait particulier. J’ai pris la main de cet homme tellement amaigri dans les miennes et je lui ai parlé. Bien qu’il ne reconnaissait plus personne depuis quelques semaines, il a entrouvert les yeux, m’a timidement regardé et a prononcé mon prénom. Profitant de cette brèche entre conscience et noirceur, je lui ai tout raconté. Tout ce que j’étais, tout ce que j’avais fait, pensées gestes, immoralités ( je n’étais définitivement pas un jeune « sage »). Mais j’ai déballé tout mon paquet, sans pudeur, sans rancœur envers moi-même, dans une simplicité désarmante compte-tenu de mon tempérament éminemment orgueilleux.

Comme si la lumière même de la pièce avait changée, c’est comme dans une certaine mi-obscurité que, à mon souvenir, s’est déroulée cette scène. Puis, suite à mes confidences, je lui ai dit « reposes-toi ». Il a timidement serré ma main, je suis sorti de la chambre, j’ai quitté. Le lendemain soir, il était mort.

Puis, chez-moi, j’ai ramassé certaines affaires significatives pour lui dont ses « baguettes de drum », je lui ai écrit une lettre et j’ai porté le tout dans son cercueil. Le jour de ses funérailles, j’ai joué à la clarinette, en solo, l’Ave Maria de Gounod dans cette Cathédrale bondée. Je l’ai fait pour lui, pour moi, comme pour sceller cette étrange amitié familiale liée par l’art et la création.

Ce dont je suis en train de prendre conscience en écrivant ceci, c’est que je n’ai pas pensé à la mort. J’ai pensé à l’homme qu’il était, à sa signification pour moi, à son apport inestimable dans ma vie tumultueuse d’adolescent et, encore, d’être humain.

Je ne connais pas davantage la mort aujourd’hui et je ne sais toujours pas ce que je penserais face à cette dernière. Ce que j’aimerais foutument savoir cependant, c’est ce qu’il y a là? Est-ce vide, plein, lumineux…mort?

Je crois que, finalement, face à la mort, je penserais à ceux qui m’ont aimés et à ceux que j’ai aimés, sans pudeur, débarrassé des conséquences et des jugements. La mort est peut-être le seul moment d’une vie où l’on est vraiment lucides… peut-être…

***

Blogue ou carnet ?

La mort c'est un cadeau.


En 1988, j'ai entendu quelque chose que je n'ai jamais oublié depuis. On peut brailler une peine un an, un mois, ou 5 minutes. S'agit de se préparer mentalement !

J'ai connu la mort de près car ma mère s'est "envolée" en novembre 2002. Et je m'étais tellement bien préparé que mon pire moment, c'est quand ma soeur m'a apprit, deux mois auparavant, que le cancer de ma mère était irrécupérable. J'ai braillé un bon coup, 10 à 15 minutes, et là un ange est apparu sous le trait d'une femme très intelligente qui m'a pris dans ses bras et m'a donner une assez bonne dose de courage pour que je finisse ma fin de semaine.

Je n'ai jamais revu cette femme, mais je ne suis pas inquiet pour elle!

Durant ses trois dernières semaines je suis resté auprès de ma mamie... quand la visite était absente. J'avais tellement de misère avec la visite que j'ai, un soir, dit à ma mère qui ne parlait plus et n'ouvrait plus les yeux depuis un certain temps déja; "Man", pourquoi tu t'en vas pas ? T'es pas tanné de voir ces hosties d'hypocrites-là au dessus de ton lit ?

Ma mère s'est levé d'un coup, un peu fâché, et m'a dit: Guy, je ne veux pas que tu dises ça !!!

Un peu plus tard elle a sortie péniblement sa main du lit pour prendre la mienne et j'ai eu l'impression que le "message" disait: Guy, j'ai compris. Elle s'est envolée moins d'une semaine plus tard. Si son frère était venu plus tôt, elle serait partie avant. Je n'ai jamais eu de remords de lui avoir dit cette phrase assassine. Les 28 premières années avec ma mère ont été difficiles, les 14 dernières merveilleuses.

Je n'ai pas lu dans un livre que la mort était un cadeau. J'en suis venu à cette conclusion avec ce que j'ai vécu. Je n'ai pas pleuré beaucoup à l'hôpital, et s'il n'y avait pas eu de la "visite"... j'aurais pleuré moins. Une chance que je connais les méfaits du ressentiment pour soi-même sinon je serais probalement en prison en ce moment. Je n'ai pas pleuré à son enterrement. J'ai viré une "brosse" en son honneur le soir même, en jouant aux cartes et en me rappelant comment elle et moi aimions "baver" nos adversaires.

Ai-je besoin de vous dire que je me suis bien amusé... et que j'ai aussi gagné quelques parties. Bah OK, depuis ce temps-là la majorité de ma famille pense que je suis un sans-coeur, mais bon !

La mort, c'est quelque chose d'inévitable. Mais que sait-on de la mort? Dans ce domaine, il vaut mieux avoir sa propre religion personnelle. Tout est relatif. Savez-quoi ? Quand je voulais qu'elle parte, je lui ai dit; tu vas être mieux placée pour nous aider car tu nous verras tous en même temps.

Pour accepter la mort facilement, il faut avoir la conscience tranquille. Et il faut comprendre que quand c'est fini, c'est fini. Je suis bien content de m'être préparé mentalement avant, dans le cas de ma mère. La seule larme, une larme, qui a coulée depuis ce temps, c'est le lundi matin suivant l'enterrement..., quand revenu à Montréal je me suis comme rendu compte que je ne la verrais plus jamais.

Depuis ce temps, elle est toujours là quand j'en ai besoin, même si ce n'est pas toujours au moment où je le voudrais. Elle me regarde écrire ce texte. C'est elle ma muse.

Salut "man". Merci.
***
Et voilà pour notre thème de la semaine... et sa nouvelle façon d'être présenté.

6 Comments:

At 10:26 a.m., Blogger André Bérard said...

Difficile de rajouter quoi que ce soit à ces textes qui sont l'expression intime de votre perception de la mort. C'est un sujet qui ébranle les parties les plus cachées de notre Être. Le récit des expériences est très émouvant. Bravo à tous pour avoir eu le courage d'aborder un sujet aussi délicat.

André

 
At 10:59 a.m., Blogger Guy Vandal said...

Merci André...

Ce matin très tôt j'ai pris une petite marche. C'est ma mère qui m'a fait la suggestion...

Au début j'avais le goût de pleurer de joie, mais je me suis retenu.

Elle m'a dit toutes sortes de choses, toutes très bonnes pour ma santé mentale.

C'est vrai que je n'avais pas de regrets de lui avoir lancé cette phrase assassine, mais je me suis toujours posé la question quand même. J'en parlais avec elle et elle m'a répondu ceci: Tu as été un homme mon fils, le reste est entre tes deux oreilles.

Je n'ai pas pu me retenir. C'était des larmes de joie. Et puis je me suis accoté sur une poubelle, coin St-Zotique et Papineau, pour admirer les magnifiques couleurs que le soleil naissant donnait aux nuages.

Elle était là... et elle aussi admirait. Elle aimait beaucoup la nature.

Il fallait que j'écrive ce commentaire, peu importe ce qu'on pensera de l'état de mon ciboulot. ;-)

 
At 12:19 p.m., Blogger André Bérard said...

Pas facile tout ça. J'ai moi-même quelques phrases qui me «hantent» depuis la mort de ma mère. Ça prend parfois beaucoup de temps pour accepter d'avoir commis certains gestes ou prononcer certains mots. Ce qui est bien, c'est de pouvoir en parler ouvertement.

AB

 
At 11:38 p.m., Blogger Guy Vandal said...

J'ai moi-même quelques phrases qui me «hantent» depuis la mort de ma mère.

Il faut en parler mon vieux, en public ou en privé.

 
At 12:54 a.m., Blogger Guy Vandal said...

Le lien privé marche pas. 100 fois sur le métier, remettez votre ouvrage.

 
At 12:58 a.m., Blogger Guy Vandal said...

Bon...

Ça marche quand aperçu... mais pas dans la réalité. La réalité de Blogger, que dis-je ?

conseledise@hotmail.com

 

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