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mardi, juin 13, 2006

Ce monde est-il quand même beau? par Esperanza

NDR : Ce texte est probablement le plus « mêlant » et « mêlé » que j’ai commis depuis longtemps et je m’en excuse.

Quelle question! Après une longue réflexion, telle que la question est posée, je ne peux que me résoudre à répondre NON, le monde est laid! Pessimiste? Défaitiste? Je ne crois pas. C’est davantage le concept de « monde » qui m’embête. Pris dans son sens global, je ne peux me résoudre à dire que le monde est beau, peu importe qu’on assortisse la question de « quand même ».

Cependant, je ne peux nier que « dans le monde » il demeure certaines choses qui sont belles en elles-mêmes. Je n’ai pas le goût de tomber dans le « mélo » en disant ce que je trouve beau, mais oui, il y a des choses belles dans le monde. Ma réponse aurait probablement été plus « optimiste » il y a 20 ans. Depuis 20 ans, la dégradation de l’écoute des dirigeants envers la population, la perte importante de vitesse quant à l’aspect social du développement, la perte du bien commun, l’hégémonie économique dans le développement, les concepts vides et galvaudés ne font que me conforter dans le fait que je ne trouve pas le « monde » beau quand même.

Le monde, pris dans ce sens large, est laid, un point c’est tout et je ne peux me résigner à le voir autrement. Cependant, ce point de vue ne laisse d’autre choix de survie que celui de s’attarder à autre chose qu’à la "globalité". Je lis assidûment de nombreux billets laissés dans les différents carnets, je m’informe et regarde beaucoup autour de moi.

Récemment André de Blogue-Notes nous parlait de sa passion pour le Kayak et aussi des œuvres magnifiques de sa partenaire Dominique, Henri nous donnait des trucs pour mieux-vivre en meilleure conscience des choses qui l’entourent, je vous parlais la semaine dernière de mon fils Nathan qui grandit et qui progresse… Bref, oui, il y a de belles choses mais non, le monde n’est pas beau. Le monde est devenu laid et c’est l’humain qui l’a ainsi rendu. C’est dommage mais c’est ainsi.

Donc "globalité" n'est pas "monde", ce qui n'empêche pas de voir la "globalité" dans tous ses aspects plus "petits"... La "globalité", c'est juste un "tout"... De là à y voir le "monde"!?!

Dans cet ordre d’idées, nous devons nous tourner vers l’aspect microcosmique de l’observation. De même, il devient ardu d’appliquer une approche systémique de la chose qui ne ferait que contaminer entre eux « le beau et le laid » ce qui serait aussi dommage. Ainsi, sans cette vision « micro », il est impossible d’émettre, selon moi, une opinion qui tend vers l’objectivité, aussi imparfaite puisse-t-elle être.

Dans le contexte d’appréciation de ce qu’est le monde, beau ou pas, je suis aussi d’avis qu’on ne peut passer à côté de la souffrance. N’est-ce pas parce qu’il est souffrant que je ne trouve pas le monde beau? À tout le moins, c’est parce que je ne m’y sens pas bien que le trouve laid ce monde dans lequel nous vivons, ce qui en appelle de la souffrance. En 1998, Howard Cutler, psychanalyste américain, ayant côtoyé le Dalaï Lama contribuait à la publication du livre « L’Art du bonheur ». Dans ce livre Cutler lui-même, y va du paragraphe suivant :

« À mesure que la société occidentale a acquis la faculté d’améliorer les conditions de vie matérielles, d’en soulager la rudesse, elle semble avoir perdu son aptitude à faire face aux souffrances qui subsistent malgré tout. Les sociologues ont mis en évidence que beaucoup de gens, dans la société occidentale, ont tendance à vivre dans l’idée que le monde serait somme toute un endroit agréable, que la vie serait équitable, et que les braves gens (comme eux) ne mériteraient de vivre que de bonnes choses. Inévitablement, la souffrqance vient ébranler ces croyances ».

Ainsi, la présente réflexion rejoint aussi le thème de la semaine dernière « Prévenir à tout prix ». Par la volonté d’aseptiser le monde, on est parvenu à le dénaturer de sa beauté. Et vous savez quoi? Dans le fond, je pense je m’en fout éperdument que le monde soit encore beau ou non. Ce n’est qu’une perception qui fait appel à « comment je me sens » à comment j’aborde la vie et ce que j’en fais.

Ainsi, je crois que la beauté réside en soi et non pas à l’extérieur de soi. Et la souffrance fait que, souvent, on détruit notre propre beauté intérieure. Dans ce cas, comment ferait-on pour trouver que le monde est beau quand l’intérieur, par la souffrance, ne peut, aussi, que se dégrader…

Bref, je ne trouve pas que le monde est « quand même beau ». Le monde est laid et il se dégrade de plus en plus. C’est plate, mais je ne peux me résigner à apprécier cette question autrement. Dans les petites choses de la vie réside encore la beauté mais le monde dans sa globalité m’écoeure et me désenchante royalement. Et ça me questionne beaucoup sur le « pourquoi » j’ai eu, tout de même, le goût et le courage d’avoir un enfant dans cette perception.

Quand je regarde mon fils, je le trouve beau et j’essaie de lui donner tout ce que je peux lui donner. Ce qui ne m’empêche pas de pester contre la bêtise humaine qui m’exaspère et parvient, de plus en plus, à me faire détester la race humaine, telle qu’elle devient avec le temps. Comment je survis? Je ne sais pas.

Le monde est laid, c’est tout. Désolé de vous dire ça en pleine face.

3 Comments:

At 11:44 a.m., Blogger Le Citadin said...

Je partage beaucoup ton point de vue.

Trouver que le monde est beau, "ça change pas le monde, sauf que..."

 
At 11:53 a.m., Anonymous Anonyme said...

Je dois avouer que j'ai vraiment été désarmé devant ce thème... Finalement, après toutes sortes de petites réflexions, je suis parvenu à écrire "ça" dimanche après-midi... Probablement que la pluie aidait!

Sur ce, je voulais aussi vous recommander d'aller lire le texte de Marjolaine Leblanc sur Nicaragua me voila! dont le lien figure à droite. Le texte dont je veux parler est intitulé "La Chureca" et relate un peu la vie dans le plus gros dépotoir du Nicaragua et où 300 familles vivent.

Ça rejoint tout à fait le thème de la semaine et la réflexion que suscite ce texte vaut vraiment le détour. C'est vrai que quand on est "ailleurs" surtout en milieu sous développé, le monde ne peut que nous paraître différent.

Je connais bien Marjolaine et je suis persuadé que ces mots ne sont que la pointe de l'Iceberg de sa pensée...

Après ça, on pourra toujours reparler de la beauté du monde...

 
At 4:37 a.m., Blogger Guy Vandal said...

Je dois avouer que j'ai vraiment été désarmé devant ce thème...

Héhé... ;-)

 

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