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mercredi, juin 07, 2006

Trouble de société limite

Ce billet est un extrait d'un texte qu'André de Blogue-Notes a publié au début de son existence carnetière. Super intéressant. Le sujet qu'il aborde n'a pas fini de faire les manchettes...

Le malheur des uns ...

Les spécialistes observent une augmentation de la prévalence des maladies mentales au Québec, mais aussi ailleurs dans le monde. En fait, là où le mode de vie se « nordaméricanise », les individus deviennent de plus en plus anxieux, stressés, névrosés, épuisés. Le burn-out a maintenant de la concurrence : le burn-in ou présentéisme. Les psys identifient régulièrement de nouveaux troubles qui affectent mentalement un plus grand nombre d’individus. Les laboratoires pharmaceutiques voient leurs profits grimper en flèche grâce à la vente d’antidépresseurs, d'anxiolytiques et autres potions magiques destinées à soulager le mal qui nous ronge. Ça va mal dans la tête des gens et c’est payant!

fait le bonheur des autres.

Le mal de vivre est devenu un filon tellement rentable qu’on oublie de s’intéresser aux racines du malaise de peur que la source se tarisse. Les spécialistes se spécialisent, les chercheurs cherchent et des carrières se bâtissent autour des bouleversements climatiques de notre cerveau. Mais les recherches portent fruit et permettent de tirer de précieuses conclusions : cumuler deux emplois, faire des semaines à deux étages, s’endetter jusqu’au coup afin de consommer à outrance, être obnubilé par la performance semble avoir un impact négatif sur notre santé mentale. Lumineux! Je n’y aurais jamais pensé par moi-même. Plutôt que d’investir des millions dans des recherches dont les conclusions flirtent avec les vérités de La Palice, il ne suffirait que d’investir deux onces de bon sens pour trouver des remèdes qui n’ont pas besoin d’être brevetés. Nous pouvons passer une vie à étudier les effets d’une fuite d’eau au grenier : moisissures, humidité, odeurs, coulage. Nous pouvons aussi repérer et colmater la fuite. C’est bien d’étudier les effets d’un mode de vie déshumanisé sur le cerveau humain. Il faudrait peut-être songer aussi à s’attaquer à la source du problème : le trouble de société limite.

Comment ne pas sauter les plombs devant les nouvelles exigences de cette société de surconsommation et de performance où tu marches ou tu crèves? Les diffuseurs profitent de la manne et produisent des émissions aux titres révélateurs : À bout de souffle, Super woman ras-le-bol ou encore Dr Nadia qui enseigne aux parents en panne, la manière de reprendre le contrôle de leurs enfants disjonctés. Non contents de nous frapper quotidiennement aux incohérences de notre mode vie, nous aimons aussi assister, en haute définition, au spectacle de notre naufrage. Le tout commenté par des spécialistes en la matière.

La société limite a besoin de carburant pour bien fonctionner. Elle exige un apport quotidien de matière humaine qu’elle rejette une fois qu’elle en a extrait tous les nutriments. Le pilotage automatique est devenu pour trop d’entre nous le seul moyen d’avancer. Faire ce qui est prévu, remettre notre vie, nos valeurs dans les mains des « spécialistes » qui nous affirment connaître ce qui est bon pour nous, ce que nous devons écouter, penser, manger et croire.

À cause du rythme inhumain qu’elle impose, la société limite est une machine à broyer les gens. Un rouleau compresseur qui écrase tout sur son passage et qui n’hésite pas à faire marche arrière si vous bougez encore un peu. La cadence imposée est impossible à maintenir. Comment s’étonner dans ce contexte, que les maladies mentales poussent comme de la mauvaise herbe entre les dalles de notre cerveau? Lorsque vous déraillez, un processus se déclenche afin de vous replacer rapidement sur la voie de la rentabilité. Le moins de thérapies possible, pas d’introspection ni de longues et coûteuses remises en question. On vous prescrit deux ou trois petites pilules colorées et vous sombrez dans un bien-être factice qui vous permettra de reprendre un train d’enfer jusqu’au prochain déraillement. Votre patron est content, l’entreprise est contente et l’assureur signe le chèque couvrant les coûts de votre bogue psychologique.

Pour lire le texte au complet, c'est ici...

3 Comments:

At 5:33 a.m., Blogger Guy Vandal said...

Vraiment un bon texte André...

Je te jure que ton sujet, on a pas fini d'en entendre parler dans les prochaines années.

Quand les "experts" se demanderont, trop tard, comment ça la société est si "fucké", pour ne pas dire complètement "tilté".

 
At 10:34 a.m., Anonymous Anonyme said...

Bravo André, excellent texte, bonne lecture du phénomène social.

 
At 10:57 a.m., Anonymous Anonyme said...

Troublant serait le mot...

J'aime bien cette réflexion qui va plus loin que bien d'autres analyses sociales.

La rentabilité à tout prix pousse vers des escès que l'on ne voit plus, par l'habitude j'imagine.

Il y a suffisamment de ...jus... dans ce billet pour faire l'objet d'un colloque!

 

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