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jeudi, octobre 26, 2006

De l’avenir des carnets...

Pour ma part, l’avènement des carnets libres sur le Net représente un réel pas vers la prise en charge citoyenne de l’information. Je suis branché à Internet depuis maintenant 11 ans bien sonnés et j’ai pu en voir l’évolution. En 1995, c’était toute une tâche que de faire une recherche sur Internet. Très peu de documentation intéressante s’y retrouvait et c’est davantage l’underground qui y était accessible. Puis, de fil en aiguille, nombre d’entreprises, d’organisations et d’institutions s’y sont intéressées et nombre de sites intéressants se sont développés… Maintenant, rares sont les recherches que j’y fais qui restent sans réponses.

Pour la prise de parole citoyenne, il y a eu le « chat » devenu davantage l’apanage des jeunes et des esseulés, puis les forums d’échange (qui y existent encore de façon dynamique). Cependant, la venue des Weblogs (blogues) que nous avons rebaptisés « carnets », donne une toute autre dimension à cette prise de possession citoyenne. La liberté que procure les carnets permet définitivement une prise de parole libre. Tellement libre qu’on peut, l’humain étant ce qu’il est, y lire toutes les insanités possibles! Mais il n’y a pas que ça. Il y a la prise de position politique citoyenne, le dépassement de la censure des médias dits officiels, l’expression de réalités sociales, etc. En fait, c’est une fenêtre publique qui permet, dans de plus en plus nombreux cas, des échanges constructifs sur des sujets d’intérêt pour les communautés et les gens qui les forment.

À ce sujet, je ne peux passer sous silence les efforts d’André Bérard de Blogue-Notes qui, avec la récente mise en ligne de Cibercitoyen vient apporter une dimension politique incroyablement pertinente à la prise de parole de la communauté dans l’administration publique. C’est de cet exemple dont je me servirai de base pour projeter les carnets dans l’avenir.

Plue que jamais, la conscience populaire s’éveille à la partialité des informations véhiculées dans les médias traditionnels. En plus de la partialité, le sensationnalisme qui n’a pour but que de faire vendre, vient, encore davantage « souiller » la qualité de l’information disponible. Les récentes « affaires » de Dawson et du viaduc de la Concorde dont le traitement a été largement exagéré, en sont des exemples flagrants. Ainsi, les carnets revêtent maintenant un caractère de liberté d’expression qui n’existaient, auparavant, que dans les essais littéraires. Si je regarde les efforts du Vieux Henri dans ses « Chroniques des petits pas » pour faire passer des messages de consommation intelligente et responsable, de simplicité et de créativité en matière d’environnement, je ne peux être insensible. Pourtant, le week-end, dans le « Cahier Actuel » de La Presse, de telles idées, pourtant éminemment actuelles, ne s’y retrouvent que rarement. Pour La Presse, « Actuel » semble signifier davantage « Tendances » ou « Modes »…

Lorsqu’on me demande de projeter les carnets dans un avenir de quelques années, je ne peux que m’inquiéter des éventuels efforts de censure dont ces derniers risquent fort de faire l’objet. Oui, les carnets représentent une excellente tribune pour l’expression citoyenne. Mais qu’est-ce qui fait plus peur aux pouvoirs publics que l’expression des citoyens? À tout le moins, on peut remarquer que le Maire de Ste-Adèle, Monsieur Cardinal, ne se prononce pas beaucoup dans le dossier de La Rolland! Ce sont pourtant des citoyens qui posent les questions! Si lesdites questions venaient à miner la crédibilité politique du Maire, qu’adviendrait-il? Pour le moment, je crois que les carnets bénéficient d’une certaine « sécurité », voire d’une certaine « immunité », mais qu’en sera-t-il dans quelques années si le phénomène carnetier continue de prendre de l’ampleur? L’arme la plus facile à utiliser pour le politique qui se sent menacé est le discrédit et les haut-cris à la diffamation. Qui dit diffamation appelle inévitablement à la censure. C’est « 1984 » de Georges Orwell… C’est « Le Prince » de Machiavel… C’est “Make room! Make room!” de Harry Harrisson (Soleil vert)…

Bon, d'accord, l'exemple qui suit est boiteux, la Chine n'étant pas encore la championne du droit à la libre expression, mais bon, ce n'est qu'un exemple. Ainsi, ce matin, sur Canoe:


Internet et vie privée
La Chine veut identifier ses blogueurs


La Chine entend exiger de ses millions de blogueurs qu’ils émergent de l’ombre en s’enregistrant sous leur véritable nom, une initiative qui suscite une levée de boucliers chez les tenants de la liberté d’expression, rapporte l’agence de presse de l’État.

Sous le nouveau système, les blogueurs pourraient continuer leurs activités sur Internet en utilisant un pseudonyme en ligne, mais devraient également s’enregistrer auprès des autorités en révélant leur nom légal, a précisé l’agence de nouvelles Xinhua.

L’exigence d’identification est un «choix inévitable» si la Chine veut développer de la bonne façon sa communauté de blogueurs, a rapporté Xinhuaen citant Huang Chengqing, directeur la Société Internet chinoise.

Et selon moi, ce n'est pas pure fabulation que de croire qu'une situation semblable puisse être transposée dans nos sociétés. Ce qui risque de déranger risque la censure. Nous n'avons qu'à apprécier les efforts de contention sociale des USA depuis le déclenchement de la guerre au terrorisme. Qui d'entre-nous, avant le 11 septembre 2001, aurait pu considérer possible tous ces efforts de censure appliquée... Sécurité nationale oblige, alors, pas le choix...

Ainsi, ce que je suis en train de dire c’est que si les carnets résistent à la récupération, ils risquent de succomber à la censure. C’est d’ailleurs ce qui arrive à de nombreux moteurs de recherche et à de plus en plus nombreux fournisseurs d’accès Internet. Pourtant, ces derniers comptent souvent sur des fortunes colossales pour se prémunir de la censure, mais, sous le couvert de la sécurité, le politique a de nombreuses armes de destruction massive de l’expression libre.

Cependant, à mon humble avis, les carnets ne mourront pas demain, en tous cas, pas tant qu’ils seront considérés comme étant marginaux dans la construction de l’opinion populaire. Le jour où un carnet aura vraiment un effet ravageur côté politique, les dés seront jetés. Sera-ce dans 2 ans, dans 5 ans ou… demain?

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